Quand Kenny est arrivé dans ma vie, une chose était évidente pour moi : Il ne sortirait pas. J’avais vécu la mésaventure de laisser mon premier chat goûter les joies de l’extérieur avant de déménager et d’être contraint de rester en appartement. Il en a été malade et refusait de se nourrir. On en avait souffert tous les deux, lui plus que tout.
Alors que je voyais mon chat dépérir jour après jour, j’ai pris la décision de le confier à mes parents, là où il pourrait revivre, se prélasser dans l’herbe, chasser les oiseaux. La séparation a été très douloureuse, aujourd’hui encore, je me mords les doigts de ne pas avoir pu vivre à ses côtés, même si je peux toujours le voir et le câliner.
« Non mon chat, tu n’iras pas dehors »
Alors quand ce deuxième bébé chat est arrivé, je ne voulais pas refaire cette erreur. Je redoutais tellement une nouvelle séparation. Alors je l’ai gardé jalousement à l’intérieur, malgré ses nombreuses tentatives d’évasion. Pourtant, quand il a débarqué dans notre vie, nous vivions dans une maisonnette, mais nous ne savions pas si nous serions en maison jusqu’à la fin de sa vie, (et d’ailleurs le logement qui a suivi a été un appartement). De surcroît, nous étions près d’une grande route passante et je ne voulais pas qu’il lui arrive malheur.
Tel un chat qui avait goûté à la liberté, je dépérissais à mon tour en appartement, je voulais absolument retourner vivre en maison. Nous avons déménagé il y a deux mois. Dans une maisonnette, avec un petit bout d’herbe qu’on prend vraiment du plaisir à tondre le week-end. Cela a été long, cela a été rempli de déceptions, mais nous avons fini par trouver LA perle rare, et nous nous y épanouissons tous les trois depuis !
Mais si on profite du jardin en famille, Kenny, lui, nous regarde avec envie depuis la cuisine.
Lui, il rêve d’extérieur. Il renifle l’air qui passe à travers la porte fenêtre légèrement entrouverte. Il admire le ciel, les oiseaux qui virevoltent, il passe des heures allongé sur le coin du bureau d’où il a la meilleure vue sur le monde.
Cette décision de lâcher prise
On en a longuement discuté, on a pesé les pour, les contre et on a fini par trancher. Kenny mérite aussi de s’épanouir à l’extérieur. On a peur, on pense forcément au pire, mais on a décidé de le laisser suivre ses besoins et ses envies. Car avec lui, c’est Prison Break tous les jours. Dès qu’il voit une ouverture, il essaye de s’y glisser, il a d’ailleurs déjà fini dehors plusieurs fois après s’être sauvé par la micro fenêtre de la salle de bains.
Mais d’abord les vaccins.
Comme notre chat n’allait pas dehors, il n’a pas été vacciné pour tout. La semaine dernière, nous avons pris rdv chez le véto pour une première piqûre. Mais ce vaccin se fait en deux fois et il faut attendre trois semaines entre les deux. Tant qu’il n’a pas reçu les deux injections, il n’est pas protégé. Alors, on lui demande de patienter encore un peu, bientôt, il pourra être libre de sortir quand il voudra. Même si maman tremble un peu des genoux.
Bien sûr, la peur est toujours là. Certainement, le vaccin ne le protègera pas à 100%. Bien entendu, mille dangers l’attendent dehors. Mais je préfère de loin le perdre en sachant qu’il a vécu heureux, épanoui, à fond, plutôt que de le contraindre toute sa vie à rester à l’intérieur alors qu’il n’en a pas envie.
C’est difficile de lâcher son bébé, difficile de le laisser livré à lui-même, de ne pas pouvoir le garde sous haute protection. Mais ce sera pareil avec notre fils, il faudra bien un jour qu’on lui lâche la main et qu’on lui fasse confiance. Disons que ça fait un petit entraînement ! Et même si on a probablement l’air de parents chat névrosés, on est vraiment fier de nous.